Disparition de Denise Bélanger
Denise Bélanger s’est éteinte jeudi 24 mars 2016, à 94 ans. Ses obsèques se sont déroulées jeudi 31 mars au Temple de la rue de Bélat à Angoulême, puis au cimetière de Montmoreau.
TEMOIGNAGES
Alain Mazère, 25.03.16
L’une des premières séances de l’Académie à laquelle j’ai assisté fut celle où Alain Lange commentait une lettre d’Alfred de Vigny qu’il venait d’acquérir. J’ai encore dans l’oreille les envolées préliminaires et enfin conclusives de la chancelière Denise Bélanger, debout, toutes rosettes dehors, voix Comédie française façon Rostand, verbe ample et inspiré, captivant l’auditoire réuni dans un salon de l’hôtel Mercure. Rideau. Dommage. J’avais rêvé que cette Huguenote, pasteur, présiderait le prochain colloque de Verteuil sur "Les guerres de religion en Charentes".
Christiane Massonnet, 26.03.16
Ce fut une des premières personnes à m’accueillir lors de mon retour en Charente, il y a 20 ans, et à me soutenir affectueusement dans mes projets de livres d’aquarelles sur les Charentes. Sa mort me touche beaucoup. C’était une femme exceptionnelle dont le dynamisme a entraîné tant d’autres ! Je me souviens avec émotion des rencontres de "Livre et Culture" chez elle.
André Berland, 26.03.16
C’était en 1989. Denise Bélanger m’avait invité à donner une conférence sur Jacques Roux dans les salons de l’hôtel des Trois Piliers. C’était mon premier contact avec les Académiciens de l’époque et ma première rencontre avec la chancelière. Je fus très sensible à son accueil et à sa grande culture. Plus tard, je me retrouvai avec elle au sein de notre Académie. Je garde un excellent souvenir de nos conversations lors des repas à l’hôtel Mercure. C’est une grande figure des Lettres en Charente qui disparaît.
Michel Métreau, 26.03.16
Elle est morte ! C’était prévisible mais c’est un choc lorsque la nouvelle nous parvient.
Denise Bélanger, c’est la mémoire toujours vive de cette grande dame qui m’a mis le pied à l’étrier. Elle était sans aucun préjugé. Une chance pour moi ! Nous nous rassemblions de temps à autre à l’Hôtel d’Epernon, à côté de la cathédrale. Elle était heureuse et toute fière d’habiter dans ce lieu chargé d’histoire. J’arrivais avec, dans ma poche, quelques sonnets que je lirais ici en public. Elle avait préparé des rafraîchissements et des petits gâteaux. La séance débutait aussitôt. Il y avait là, le plus souvent, Christiane Massonnet, Francis Cordet et Suzanne Manot, secrétaire attitrée, ainsi que Magali Filoni qui s’était en pure perte évertuée à reconstituer l’arbre généalogique des de Betz de la Symeyronie sur lequel, dans l’imprimerie, une apprentie en herbe avait renversé toute une bouteille d’encre ! De temps à autre, Alain Veluet, aidé de sa guitare, avec virtuosité, mettait de la musique sur ses vers et sur les miens. Nous nous quittions toujours avec regret. C’était il y a longtemps. Reposez-vous, Madame !
Guy Hontarrède, 28.03.16
Je me joins modestement aux membres de l’académie pour témoigner de ma grande tristesse ; je me souviens des premiers efforts de Madame Bélanger et de son compagnon d’alors ; il s’agissait toujours de plus de qualité, plus de justice, plus de charité. Depuis 1949 il n’est guère de collégiens, de lycéens, de normaliens de notre ville qui n’aient eu l’occasion de répondre à l’un ou l’autre de ses appels. Peut-être auront-ils, un jour, la satisfaction de marcher sur la chaussée d’une rue portant le nom de Denise Bélanger ? Ce serait pour moi, la preuve d’une reconnaissance bien méritée envers Madame Bélanger.
Françoise Barbin-Lécrevisse, 31.03.16
Bien difficile de trouver les mots adéquats pour rendre hommage à une personnalité si marquante... J’avais eu la joie et la chance de la rencontrer il y a plus de 25 ans dans le cadre de « Livre et Culture ». Sa gentillesse, son écoute, son dynamisme… étaient un soutien et une force qui accompagnaient nos projets. Une femme d’une grande culture et une femme d’exception qui restera dans nos cœurs et dans nos souvenirs.
Bernard Baritaud, 31.03.16
Je connus Mme Bélanger en 1983, lorsque je vins lui présenter mes hommages, après qu’elle m’eût annoncé mon élection à l’Académie d’Angoumois (je résidais alors au Sénégal). Cette femme lettrée, qui vivait sur le plateau avec les ombres familières de Lucien de Rubempré et de Vigny, a joué un rôle essentiel dans l’histoire de notre compagnie, qu’elle dirigea longtemps avec élégance et courtoisie. Les lettres charentaises, et la vie culturelle du département lui doivent beaucoup. Grâce lui en soit rendue.
Jacques Baudet, 31.03.16
Hommage prononcé au temple de l’Eglise réformée.
Comme successeur de Mme Denise Bélanger à l’Académie d’Angoumois de 2010 à 2015, je viens lui exprimer à la fois un hommage et un remerciement pour tout ce qu’elle m’a fait partager et pour l’amitié qu’elle m’a témoignée.
Nos premières rencontres ont commencé par nos interventions communes au sujet de l’histoire du protestantisme en pays charentais au cours de conférences et de divers colloques organisés par ses soins. Notre complicité l’avait amenée un jour à me déclarer que je suis un « catholique-protestant » une variété bien singulière, vous en conviendrez !
En 1998, elle m’avait demandé de rejoindre l’Académie d’Angoumois dont elle avait été l’une des fondatrices en 1964 et qu’elle a présidé pendant 24 ans avec beaucoup de dévouement et disponibilité. En 2002, elle m’a sollicité pour entrer au bureau comme secrétaire et tout naturellement, je lui ai succédé en 2010 au poste de chancelier de l’Académie d’Angoumois. Notre proximité par le fait d’habiter le même quartier a permis de nombreuses rencontres liées bien sûr à la vie associative mais aussi à notre passion commune pour l’histoire et la littérature. Au cours de conversations passionnantes, j’ai pu ainsi bénéficier de son érudition et de sa grande culture en divers domaines.
Notre passion commune pour la littérature et la poésie s’est aussi concrétisée autour du souvenir de l’un de mes auteurs favoris en la personne du poète Alfred de Vigny et de sa propriété au Maine-Giraud. Je lui sais grâce pour les conférences et les animations qu’elle a organisées et auxquelles il m’est arrivé de participer.
Notre dernière rencontre remonte au mois de novembre avant mon départ pour quelques mois en Lorraine et en Allemagne. Pourtant d’une santé précaire, elle s’est réjouie de ma visite ne me parlant pas du tout d’elle-même et de ses problèmes de santé, pour préférer parler d’un livre qu’elle avait dû déjà relire à plusieurs reprises : la biographie du duc d’Epernon par Hélène Tierchant. Je sais qu’elle aimait bien parler de ce personnage digne d’un film de cape et d’épée dont des événements se rattachaient à l’histoire d’Angoulême.
Elle laisse, pour moi comme pour beaucoup d’autres Angoumoisins, le souvenir d’une « animatrice culturelle remarquable au dynamisme reconnu » comme cela a été écrit dans le dictionnaire biographique des Charentais. Il convient aussi de souligner son engagement pour la cause des femmes en faisant partie pendant plus de vingt ans de l’association interprofessionnelle féminine Soroptimist International.
Je tiens enfin à exprimer toute ma sympathie à ses enfants, à ses petits-enfants, à sa famille et au-delà à toute la communauté de l’Église Réformée d’Angoulême et de la Charente qui a été sa famille spirituelle.